réduction des risques et des dommages.
La Reduction des Risques est née en France à la fin des années 1980, lors de l’épidémie du Sida. Déroger aux principes prohibitionnistes, autoriser et faciliter l’accès des usager injecteurs d’héroïne aux seringues puis aux traitements de substitution en quelques années a permis une quasi-disparition du VIH chez les injecteurs de drogues.
Le modèle de RdR considère qu’on ne peut pas effacer les drogues de la société mais qu’on peut impliquer leurs usagers et leur permettre d’agir pour réduire les risques et les dommages qui sont liés à l’usage. Cela permet agir de façon beaucoup plus efficace qu’essayer d’éliminer les usagers et les drogues de la société.
Comment ça marche ?
Le postulat de base de la Réduction des Risques peut se résumer en cinq points :
- Il n’y a pas de société sans drogues et l’abstinence n’est pas la seule solution possible – il n’y a pas de solution miraculeuse au problème de drogues. Le contexte de consommation est au moins aussi important que le produit consommé, au-delà du danger, la prévention peut aussi parler du plaisir de consommer et s’appuyer sur la promotion de la santé et de l’éducation
- Le non-jugement moral des pratiques d’usage – l’usage de drogue n’est ni bon ni mauvais, l’usager ne devrait pas être considéré comme un malade ou un délinquant, les politiques relatives aux drogues doivent être fondées sur des preuves scientifiques et non sur des convictions morales
- Travail de proximité et par petits pas – travailler avec les usagers là où ils se retrouvent, dans une démarche progressive ; les accueillir sans condition d’arrêt des drogues, de l’alcool ou d’autres produits et en respectant leurs souhaits, leurs besoins et leurs priorités
- Empowerment – permettre aux personnes de renforcer leur contrôle sur les décisions et les actions concernant leur santé, les considérer comme les experts dans le domaine de leurs consommations (dosage de produit, durée des effets, gestion du « bad trip»)
- Des outils et pratiques diversifiés et adaptés – l’accessibilité du matériel d’usage (comme les kits d’injections à l’usage unique, les kits pour fumer le crack ou sniffer la cocaïne, la cigarette électronique ou le traitement de substitution par la méthadone® ou le Subutex®) n’augmente pas les usages mais diminue les risques sanitaires.
La psychothérapie de réduction des risques
De nombreuses recherches ont élargi le champ d’application de la réduction des risques du secteur de la santé publique à la psychothérapie pour les usagers actifs de drogues et d’alcool. La psychothérapie de réduction des risques est une approche globale d’interventions psychologiques, qui peuvent varier selon l’orientation théorique du praticien, mais qui partagent les mêmes concepts et constatent que l’abstinence totale n’est pas le but obligatoire des soins.
La psychothérapie de réduction des risques est aussi une approche intégrative qui considère que les problèmes liés à l’usage d’une substance peuvent varier selon différents facteurs psychologiques, sociaux et biologiques et que cette combinaison est unique pour chaque personne. Ces facteurs doivent être compris pour développer avec l’usager les stratégies nécessaires pour atteindre ses propres buts. L’intérêt du traitement est de soutenir l’usager dans sa démarche de réduction de l’usage nocif de la substance jusqu’au point où celui-ci n’aura qu’un impact minimal sur les autres domaines de sa vie.
Dans cette approche, le thérapeute voit son patient comme un partenaire de travail qui possède des ressources et des compétences. Il s’approche de la personne avec empathie et ne cherche pas à renforcer les croyances et les représentations du patient sur lui-même. Son rôle consiste à créer des cadres sécurisants, à permettre à la personne d’exprimer ses besoins avec ses propres mots et d’établir des cadres de travail. La relation thérapeutique se crée sans conditions et sans objectifs préalables puisqu’ils seront définis et validés en commun. Dans la plupart des cas, les patients savent expliquer quelle place le produit tient dans leur vie et possèdent toutes les compétences et tous les savoir-faire pour obtenir un changement. Toute stabilisation, tout changement intentionnel, même minimal en diminution des risques, sont considérés comme un résultat valable – il est important que le patient soit vu comme responsable et autonome. La posture professionnelle et le dispositif thérapeutique doivent être maintenus et protégés tout au long de l’accompagnement thérapeutique, même dans des conditions difficiles et déstabilisantes (reconsommation ou rupture de traitement).
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