gérer le trauma.
Les personnes ayant vécu des évènements traumatiques sont souvent bouleversées par ce qui leur est arrivé. Elles se posent plein de questions concernant la « normalité » de l’évènement, de leurs réactions, des symptômes qu’elles subissent et de la possibilité de les dépasser et d’oublier.
Il peut s’agir de traumatismes « évidents », les Traumatismes écrits avec un grand « T » comme la violence physique et psychologique, les violences sexuelles, les accidents, les abus, les cataclysmes ou les maladies graves. Mais nous pouvons également traverser des évènements de vie difficiles, des traumatismes écrits avec un petit « t » qui, même s’ils sont moins impressionnants, provoquent aussi des perturbations dans nos pensées, nos émotions et notre comportement au quotidien. Il peut s’agir d’une enfance difficile, de la négligence, des séparations, des deuils, d’une fausse couche, etc. Parfois notre cerveau n’arrive pas à digérer ces évènements, ils restent donc bloqués dans notre système de traitement des informations et sont sources de perturbations.
Qu’est-ce que le trauma
Nous parlons d’un évènement traumatique quand une personne a été exposée directement ou indirectement à la mort, à des blessures graves, ou à la violence (y compris sexuelle), effectives ou potentielles. Elle a pu vivre directement cet évènement, en être témoin ou même apprendre qu’un proche a vécu un événement traumatique. En fonction de notre personnalité, de nos ressources et de notre parcours de vie, chacun peut réagir différemment à un évènement difficile ; il est possible que nous vivions des symptômes de l’état de stress post-traumatique (ESPT) même si notre vécu ne rentre pas toujours dans sa définition exacte.
Comme il a déjà été mentionné, notre cerveau ne sait pas toujours « digérer » les évènements difficiles, il se met alors à les retraiter en permanence. L’ESPT est donc une réaction normale à une situation anormale. Nous divisons ses symptômes en quatre groupes :
- Les intrusions – les souvenirs pénibles récurrents, les cauchemars, un état de détresse psychologique intense ou prolongé survenant quand quelque chose nous rappelle l’évènement
- L’évitement de tout ce qui est associé à l’événement traumatique – efforts pour éviter les souvenirs, les pensées ou les sentiments pénibles en lien avec l’évènement, ou les personnes, lieux, conversations, activités, objets, situations qui éveillent de mauvais souvenirs
- Altérations négatives des pensées et de l’humeur en lien avec l’événement – cela peut être une incapacité à se rappeler un aspect important de l’événement, des croyances ou attentes négatives à propos de soi-même, des autres, ou du monde ; le fait de se blâmer ou de blâmer les autres ; des états émotionnels négatifs (tristesse, peur, colère, culpabilité…) qui durent longtemps ; la perte d’intérêt pour des choses ou des activités que normalement on aime faire ou un sentiment de détachement ou d’éloignement des autres.
- La réactivité associée à l’événement traumatique – irritabilité ou crises de colère, hypervigilance, des réactions de sursaut exagérées, des comportements imprudents ou autodestructeurs, des problèmes de concentration, des troubles du sommeil.
Certaines personnes peuvent se sentir détachées, avoir l’impression d’être un observateur extérieur de ses processus mentaux (par exemple avoir un sentiment d’être dans un rêve, sentiment d’irréalité) ou corporels (par exemple avoir l’impression d’être détaché de soi ou de son corps ou que le temps se déroule au ralenti). Ces personnes peuvent encore avoir l’impression que le monde qui les entoure est irréel (lointain, déformé, etc.). Nous appelons ces symptômes la dépersonnalisation et la déréalisation. Ils sont normaux et courants chez les personnes ayant vécu un évènement traumatique même s’ils ne surviennent pas chez tout le monde.
Vivre un évènement traumatique ne déclenche pas nécessairement l’ESPT. Même si la majorité de gens touchés présentent des symptômes de syndrome post-traumatique après l’évènement, deux tiers connaissent un rétablissement spontané après quelques mois. Cependant, pour un tiers, une thérapie sera nécessaire pour s’en sortir.
La société nie facilement la réalité du trauma. Après un évènement difficile, la personne est souvent accueillie avec empathie et compréhension, mais l’entourage n’arrive pas toujours à la soutenir dans la durée de ses symptômes. Entre les tentatives de dédramatiser et de calmer ce qui s’est passé et l’impatience pour que la personne « reprenne sa vie en main », les réactions des proches vont souvent provoquer la honte et la culpabilité. Notre entourage n’est pas qualifié pour gérer l’ESPT et ne sait pas comment aider quelqu’un qui ne va pas mieux malgré le temps et le soutien. Si vos symptômes persistent au fil des mois, consultez un psychologue ou un psychiatre spécialisé dans le soin du trauma.
Comment soigner le traumatisme
Parler d’un trauma peut nous faire du bien ou nous faire du mal, mais ne va pas soigner l’ESPT à lui seul. Des techniques de relaxation, la sophrologie et la méditation en pleine conscience peuvent aider à gérer les symptômes mais ne traitent pas non plus le traumatisme.
Tous les thérapeutes ne savent pas soigner l’ESPT, il est donc important de bien faire votre choix. Un bon thérapeute saura créer le lien de confiance qui est indispensable pour travailler sur une problématique aussi délicate. Il vous aidera à normaliser les conséquences du trauma (les réactions et les symptômes) et vous aidera à prendre de la distance par rapport aux souvenirs traumatisants en vous rendant le contrôle.
Plusieurs approches psychothérapeutiques peuvent être proposées : les thérapies psychodynamiques, cognitivo-comportementales, l’hypnose, l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing – Intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires) ou les MATH (Mouvements Alternatifs en Thérapie et Hypnose). L’EMDR apparaît actuellement comme la thérapie privilégiée pour tout ce qui relève de la psychotraumatologie (elle est recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé et la Haute Autorité de Santé). La thérapie cognitivo-comportamentale et l’hypnose sont également préconisées par l’INSERM.
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