la prison : un environnement éprouvant.
En France, une personne sur 800 est écrouée. Et pourtant, nous en savons très peu sur la prison. C’est un milieu inconnu, étranger et chargé d’un lourd imaginaire.
Dedans – dehors : deux mondes differents
La spécificité de la prison se définit par sa différence avec l’extérieur. La liberté nous permet de nous déplacer, de sortir, de rencontrer les autres et de partager un espace public. La prison, au contraire, est organisée dans un dispositif sécuritaire, basé sur la hiérarchie et le règlement. Elle coupe les liens avec l’extérieur, parfois à tel point que le monde « dehors » semble irréel. La famille, les amis, nos habitudes, tout ce qui nous décrit comme une personne unique est remplacée par un numéro d’écrou ou un uniforme. La personne rentrant en détention voit son statut de surveillant ou de détenu cacher aux autres le reste de son identité complexe.
La vulnerabilité
La prison rend vulnérable. Elle impacte notre santé (physique et psychique), notre sécurité et notre estime de soi. Elle influence notre attachement, cette sensation d’appartenir et d’avoir sa place dans le monde. L’arrivée en détention rompt la stabilité de notre vie et nous jette dans l’inconnu, qui est rempli de fantasmes de crime, de violence, du côté sombre de la nature humaine. Il faut s’habituer aux murs surmontés de barbelés, aux portes blindées, aux barreaux et aux miradors.
Un détenu, au-delà de l’enfermement, doit accepter sa dépendance vis-à-vis des autres pour sa santé, son alimentation, pour maintenir les liens avec ses proches, et de se soumettre aux ordres, sans parfois comprendre leurs sens.
Un surveillant doit trouver un équilibre entre garder de bonnes relations avec la population pénale et faire respecter les règles. D’un côté, il est la personne qui connaît le mieux les détenus, qui partage avec eux le quotidien (ce qui crée forcement des liens), mais d’un autre, il est aussi en première ligne quand les choses se passent mal en détention et qu’il faut remettre de l’ordre. Parfois cet équilibre est difficile à maintenir, surtout quand il est fragilisé par d’autres évènements.
La prison implique aussi un apprentissage de nouvelles règles de vie. Il faut apprendre à gérer ses peurs et ses angoisses, « garder la face » et ne jamais se montrer fragile. Certains vont se refermer sur eux-mêmes, d’autres vont créer des alliances opportunistes ou réagir par la violence.
Pour les surveillants et les autres personnes travaillant en prison, la frontière entre le « dedans » et le « dehors » s’efface très rapidement. Ils se confrontent à la réalité carcérale avec l’illusion que sortir de la prison et rentrer chez eux après le service les protège des conséquences de cette exposition. Plusieurs normalisent la violence, l’enfermement, les conditions souvent extrêmement difficiles de leur travail et cherchent de l’aide uniquement quand il n’est plus possible de gérer le quotidien.
le monde dehors
L’incarcération rend aussi vulnérables les familles dehors. Sans pouvoir comprendre les enjeux de la détention, elles se trouvent souvent mises à l’écart. Certains détenus ne souhaitent pas rencontrer leur famille parce qu’ils ne souhaitent pas l’exposer à la prison ou parce qu’ils ont peur que la séparation ne les rende encore plus fragiles. Parfois couper les liens devient un moyen de supporter l’incarcération. Pour les proches, il n’est pas toujours évident de savoir comment se comporter au parloir ou par téléphone, comment rester en contact dans un contexte aussi étrange.
Le retour à la liberté n’est pas toujours facile. La société stigmatise souvent les sortants de prison tout au long de leur parcours d’insertion. Plusieurs subissent les effets persistants des traumatismes, tels que des cauchemars ou des flashbacks. Ils ressentent un sentiment de honte ou d’embarras à propos de ces expériences. En même temps, consulter un psychologue est une décision difficile. Certains craignent d’être jugés ou ne savent pas comment un professionnel de santé pourrait réagir à leurs révélations. Il est important de trouver un bon psychologue qui pourra les accompagner et montrer qu’ils ne sont pas définitivement endommagés. Ils peuvent avoir une vie heureuse. Ils peuvent avoir des relations heureuses. Et cela même après avoir vécu une expérience éprouvante.
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