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comment soutenir un proche incarcéré ?

Quand un proche se retrouve en prison, il n’est pas évident de savoir comment se comporter ou comment le soutenir. Dans cet article, nous allons réfléchir aux moyens les plus constructifs et utiles pour l’accompagner.

Imaginaire dangereux

Tout d’abord, ne vous laissez pas submerger par votre imaginaire. Nous nous représentons souvent la prison telle qu’elle est montrée dans les films américains, mais cette image est fausse. La prison est loin d’être l’endroit le plus agréable au monde, mais les films sont tournés pour divertir et captiver l’attention. Ils tentent d’exagérer et de dramatiser en ne montrant que les situations les plus extrêmes qui ne se produisent que très rarement en détention. En réalité les jours en prison sont plutôt ennuyeux et répétitifs. Alors rassurez-vous – votre proche n’y sera pas heureux, mais il est en sécurité. De plus il aura besoin de votre sérénité et plus vous vous inquiétez pour lui, plus cela va le préoccuper.

Rester en contact

La chose la plus importante que vous pouvez faire pour votre proche c’est de rester en contact avec lui. Ce qui pèse souvent le plus aux personnes incarcérées c’est l’isolement et la peur qu’une fois sorti vous ne soyez plus là pour elles.

La façon la plus simple de rester en contact c’est par téléphone et au parloir. Cependant il faudra souvent du temps avant que votre proche obtienne la permission de vous voir ou de vous téléphoner – encore plus s’il est prévenu (en mandat dépôt) car il faudra attendre la décision du juge. On va y revenir dans la suite de l’article.

Ce que vous pouvez faire au tout début c’est parler avec son Conseiller Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (CPIP). Demandez-lui de transmettre à votre proche que vous allez bien et de vous faire savoir en retour comment lui va en détention. Vous pourrez ainsi récupérer son numéro d’écrou qui sera nécessaire pour lui envoyer des lettres ou des vêtements. Le CPIP va également vous expliquer comment faire pour demander un permis de visite, envoyer de l’argent ou apporter du linge si vous le souhaitez.

Des objets qui rappellent la maison

Vous pouvez écrire des lettres. Même si vous allez vous parler par téléphone, les lettres permettent d’avoir un objet tangible et manipulable, que votre proche pourra lire et relire à n’importe quel moment de la journée (ou nuit). Si vous ne savez pas quoi écrire, décrivez votre quotidien, de petites histoires, des anecdotes, votre avis sur ce qui se passe dans le monde, vos ressentis. Ecrivez que vous attendez sa sortie ou le prochain parloir. Essayez de rester positif, même s’il vous manque, même si vous êtes confrontés à des difficultés. Bien évidemment le but n’est pas de cacher des choses, mais de ne pas ajouter du stress sur des sujets pour lesquels votre proche ne peut pas vous aider. Si vous parlez de difficultés, ne mettez pas tout en noir, alternez avec des choses positives, assurez votre proche que vous allez gérer (de toute façon il ne pourra pas le faire !).

Envoyez des photos de la famille, des dessins des enfants – même si ça fait un peu mal, ça permet de rester en lien et d’avoir l’impression de participer à la vie de famille. Envoyez aussi les numéros de téléphone des personnes importantes pour que votre proche puisse les ajouter à sa liste de cabine le plus tôt possible car la procédure pour récupérer les numéros enregistrés dans son téléphone portable puisse être très longue.

Si vous pouvez, envoyez de l’argent – uniquement par les moyens permis par l’administration (souvent c’est le virement bancaire) car l’argent liquide est strictement interdit. Cela permettra à votre proche d’acheter des cigarettes ou cuisiner une nourriture plus variée que l’ordinaire quotidien. Cela permet aussi de payer les conversations téléphoniques et les timbres pour rester en contact. Mais rassurez-vous, même si vous n’envoyez pas de mandat, votre proche sera nourri et pris en charge.

Vous pouvez amener des vêtements propres et récupérer les vêtements sales. En effet, si les vêtements sont évidemment lavés en prison, rien ne remplace l’odeur de votre lessive habituelle et l’impression d’être plus proche de la maison. Cependant, il y a deux choses importantes : d’abord vérifiez ce que vous pouvez ou ne pouvez pas apporter (par exemple les vêtements à capuche, les vêtements bleues sont interdits). Demandez à votre proche ce qu’il voudrait avoir avec lui en prison. En effet, plusieurs détenus m’ont confié que les vêtements qui sont passés par la prison ne reviendront jamais à la maison et qu’ils les laisseront pour les autres ou les jetteront. Il serait donc dommage que cela arrive à des vêtements auxquels il tient. Vous pouvez aussi envoyer – à vérifier avec chaque prison car les règles ne sont pas les mêmes partout – des livres, des mots croisés, des cd et des dvd.

Un appel de la prison

Une fois la permission obtenue, votre proche pourra vous téléphoner. Les appels sont relativement chers donc si vous souhaitez vous parler souvent et si votre proche doit rester longtemps en détention, pensez à obtenir un numéro fixe qui est beaucoup moins coûteux à appeler que les mobiles. Certaines applications vous permettent d’obtenir un numéro fixe en ligne qui vous permettra d’être joignable même pendant les vacances. Il existe également, dans certains établissements, la possibilité de passer des appels en visio et dans ce cas un smartphone vous sera demandé ainsi que le téléchargement d’une application. Dans la journée, pensez aux choses que vous pouvez dire et raconter à votre proche. Il y aura en effet parfois des moments où aucun d’entre vous ne saura quoi dire – cela peut donc être une bonne idée de préparer quelques sujets à proposer. N’oubliez pas, en prison la vie est très répétitive, il est possible que votre proche ne sache vraiment pas quoi vous raconter et les choses les plus banales de votre quotidien seront pour lui beaucoup plus intéressantes. Parlez de la famille, des amis, des voisins, etc. Une fois encore, cela donne une impression de normalité et vous permettra (ainsi qu’à lui) de sortir de son quotidien. N’hésitez pas à impliquer votre proche dans les décisions qui le concernent ou qui concernent votre famille. C’est important qu’il sache qu’il a toujours sa place auprès de vous. Si vous êtes en difficulté, vous pouvez le lui dire et discuter des problèmes avec lui. Mais encore une fois sans oublier que de la prison il ne pourra peut-être pas les résoudre et que vous devrez parfois gérer les situations par vous-même.

Voir un proche au parloir

Enfin, vous pouvez aller voir votre proche au parloir. C’est un sujet délicat parce que se voir tout en sachant que vous devrez vous séparer rapidement peut être difficile. Certaines personnes incarcérées refusent les parloirs pour plusieurs raisons. Certaines se sentent coupables, ont honte face à leur proches et ne souhaitent pas que leurs enfants ou leurs amis apprennent leur incarcération. D’autres ne souhaitent pas vous fatiguer avec l’organisation (demander de permis de visite, réserver le créneau, se libérer du travail et venir dans une prison souvent éloignée du centre-ville) surtout si vous êtes âgé ou malade. D’autres encore souhaitent vous épargner la vue de la prison, en ignorant que vous n’allez pas en voir grande chose mis à part les salles d’attente et la cabine du parloir. Enfin il y a ceux qui ont peur de s’effondrer en vous voyant et préfèrent se couper de l’extérieur pour se préserver. La première visite au parloir à un proche nécessite que vous vous y prépariez. Il est possible que vous vous sentiez mal, que vous pleuriez, que vous ne sachiez pas quoi dire ou comment vous comporter. C’est tout à fait normal. La deuxième ou la troisième fois seront plus faciles. Acceptez que le cadre de votre rencontre ne soit pas « normal » et que ça puisse prendre du temps pour s’y adapter. Si vous venez avec les enfants, prenez le temps de leur expliquer comment cela va se passer. Pensez à préparer et à normaliser le chamboulement émotionnel qui peut arriver.  Il faut que vous puissiez dire par exemple « tu te souviens, je t’avais dit que tu allais peut-être être triste et que papa pourrait aussi être triste et pleurer ? C’est normal d’être triste et de pleurer quand on dit au revoir. Mais on reviendra bientôt le voir et à la maison tu pourras lui faire un dessin et lui envoyer ».

Certains établissements possèdent des parloirs familiaux où vous pourrez passer une demi-journée avec votre proche dans une petite pièce (parfois un mini studio) et sans surveillance. Enfin une cinquantaine établissements pour peine (accueillant uniquement des personnes condamnées à de longues peines) permettent l’accès à des unités de vie familiale (UVF), des appartements meublés se situant à l’extérieur de la détention (mais dans l’enceinte de la prison) où une personne incarcérée peut voir un ou plusieurs proches pendant 6 à 72 heures.

Une chose importante : ne soyez pas tenté de donner à votre proche (ou prendre de sa part) quoi que ce soit sans que ce soit explicitement autorisé par l’administration pénitentiaire. Vous pouvez vous mettre en difficulté ainsi que votre proche. Si on trouve des produits illicites auprès de votre proche après un parloir, vous pouvez même vous retrouver en garde à vue ! Sans parler de drogue ou d’un téléphone, ne donnez même pas de photos ou de dessins et demandez d’abord l’autorisation aux surveillants.

Prendre soin de soi-même

Une chose que vous devez aussi faire pour votre proche pendant son incarcération, c’est de prendre soin de vous-même. L’incarcération est éprouvante pour la personne concernée mais aussi pour son entourage. Si vous voulez être une ressource et un soutien pour lui, pensez à être en forme aussi bien physiquement que psychologiquement. Si vous vous sentez stressé ou dépassé, n’hésitez pas à parler à votre médecin ou à rencontrer un psychologue avec qui vous pouvez apprendre à gérer au mieux cette période éprouvante.

continuez d’apprendre.

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