les addictions.
Une société sans drogues et sans alcool n’existe pas et la consommation de produits psychoactifs est aussi ancienne que l’humanité elle-même. Les drogues (dont l’alcool) permettent de modifier les sensations, d’accentuer le plaisir, d’atténuer la souffrance, de diminuer des contraintes, d’améliorer des performances et des compétences. Elles permettent de lutter contre la fatigue, de désinhiber, elles améliorent le sommeil et agissent sur la sexualité. Notre culture et notre mode de vie influencent notre rapport aux produits et encadrent leur consommation. Prenons l’exemple de l’alcool. En France il est associé à la convivialité, car il permet de s’intégrer dans un groupe et d’échapper à l’ennui. Boire un verre après le travail, prendre une cuite avec les amis est ainsi socialement acceptable, voire encouragé. En revanche, boire seul, pour gérer le stress ou se donner du courage est mal vu et stigmatisé.
Comment ça marche ?
Depuis les années 1970, on explique la dépendance comme une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux et les années 1990 y ont ajouté les mécanismes neurobiologiques. Nous savons que les drogues viennent se greffer sur les voies naturelles de gestion du plaisir et des émotions. Elles influencent un système neurobiologique qu’on appelle le système de récompense, un mécanisme extrêmement archaïque (on le retrouve même chez les mollusques !) qui nous permet d’aller vers ce qui nous fait du bien et d’éviter ce qui nous fait du mal. Il nous apprend également à nous souvenir de ce qui nous fait du bien. Grace à lui, on prend plaisir à manger, à faire l’amour ou à passer du temps avec nos amis. Tous ces comportements provoquent la sécrétion d’une hormone appelée dopamine, qui est responsable du plaisir et de la motivation – c’est la dopamine qui nous fait valoriser certains comportements plus que d’autres.
Suis-je dépendant ?
Aujourd’hui, nous parlons d’addiction lorsque la personne présente un certain nombre de critères parmi les onze cités ci-dessous. Selon le DSM V, une classification américaine, la présence de 2 à 3 critères caractérise une addiction légère, de 4 à 5 critères – une addiction modérée et 6 critères ou plus – une addiction sévère.
- Incapacité à remplir des obligations importantes
- Usage d’un produit ou continuation d’un comportement, même lorsqu’il est physiquement dangereux
- Problèmes interpersonnels ou sociaux
- Augmentation de la tolérance au produit
- Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes provoqués par l’arrêt brutal de la consommation du produit ou d’un comportement
- Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance ou au comportement problématique
- Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité
- Beaucoup de temps consacré à la recherche de substances ou à la pratique du comportement
- Activités réduites au profit de la consommation du produit ou du comportement problématique
- Continuation malgré des dommages physiques ou psychiques
- « Craving », désir impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de continuer le comportement problématique
Le rôle du psychologue dans le traitement des addictions
Il y a dans les addictions la notion de perte de contrôle et de ne pas être raisonnable : si l’on était raisonnable, on n’aurait pas continué ce qui nous fait du mal. En travaillant avec la personne dépendante, il est important de lui rendre le contrôle et de lui laisser la décision de comment gérer ses consommations. Le thérapeute partage avec la personne les informations permettant de mieux comprendre son comportement, ses consommations, leur fréquence, la qualité et la quantité de produit consommé. La responsabilité de changer son comportement appartient exclusivement au patient. Le thérapeute doit rester à ses côtés, sans le juger, mais en valorisant ses efforts et ses acquis. Avec son aide et ses conseils, le patient pourra faire ses propres choix relatifs à la quantité et au rythme des consommations.
Ils existent plusieurs approches thérapeutiques utilisées dans le traitement des addictions. La plus reconnue est la thérapie cognitivo-comportamentale (TCC), une thérapie brève, dont l’objectif est d’analyser les situations, les pensées et les émotions en lien avec les consommations afin de trouver les meilleures stratégies pour réagir et les gérer. Nous pouvons aussi nous servir de l’entretien motivationnel, une technique permettant d’augmenter la motivation personnelle au changement du patient et de développer sa confiance en ses propres capacités. Parfois, les addictions sont liées à des événements traumatiques et pour les soigner le thérapeute peut se servir de la thérapie EMDR, une thérapie de référence pour soigner l’état de stress post-traumatique. Enfin, nous pouvons utiliser l’hypnose pour faciliter le changement et accéder aux ressources inconscientes de la personne.
L’abstinence n’est pas toujours LA solution
Environ la moitié des patients qui entreprennent des démarches thérapeutiques ne sont pas prêts à accepter l’abstinence mais demandent plutôt de l’aide afin de réduire et modérer leurs consommations. Comme il a été dit précédemment, l’approche du psychologue doit être centrée sur le patient et ses désirs. Le travail se fait en partenariat et dans le respect mutuel. Les objectifs du patient peuvent changer en fonction de ses progrès et difficultés. S’il se sent trop en difficulté avec la modération, une fois qu’il sait que c’est lui qui choisit, il peut se tourner vers l’abstinence qu’il avait refusé au départ. Pour certaines addictions, comme à la sexualité, au sport, aux smartphones ou pour des troubles de comportement alimentaire, l’abstinence n’est pas souhaitable et le patient doit apprendre à changer son comportement sans totalement l’arrêter. Pour les autres addictions, surtout celles en lien avec un produit (héroïne, cocaïne, tabac, sucre…), le travail se fera en respectant la demande et les choix du patient et en mettant l’accent sur la réduction des risques et des dommages en lien avec ses consommations. Le psychologue va s’adapter et accompagner le patient, en considérant tout changement positif comme un succès : réduire les consommations, consommer en prenant moins de risques, gérer les prises de produits ou améliorer les liens avec l’entourage. Le but de la thérapie est toujours de redonner au patient le pouvoir d’agir dans les situations où il était jusqu’au là impuissant.
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